Joli comme un mouton

Exposition solo de Duong Thuy Duong

 

 

02.06 – 09.06.2024

16, 17 galerie de Montpensier, Palais Royal, 75001, Paris.

Vernissage: 02.06 | 18h-21h en présence de l’artiste Duong Thuy Duong.

 

  

 

 

 

Quand Notre-Dame de Paris était ravagée par un immense incendie en 2019, tout le monde a mis en statut sur les réseaux sociaux : “Pray for Paris”. Et puis on est passé à autre chose.

 

Des millions d’événements de la vie quotidienne aux œuvres contemporaines de la scène artistique, tout est policé comme une série Netflix, où tout est à la fois propre et dramatisé, avec la bonne dose de mots-clés - exil, couches sociales inférieures, place de la femme, expressions à la mode - “effacer les frontières floues entre… et…”,  “délier des structures”,  “la décolonisation”, “défier les pensées”, etc.

 

Parfois, la nature d’un sujet n’est pas aussi compliquée que les gens peuvent interpréter. Et similairement dans l’art. Si l’on se concentrait seul sur la nature d’un sujet pour en décortiquer ses couches comme on épluchait une orange, alors l’orange que l’on verrait dans nos mains sera bien différente de l’orange que l’on aura épluché devant un parterre de voyeurs, influencés que nous serions par leurs conseils et jugements.

 

Duong Thuy Duong veut ici que l’on puisse voir l’art comme seulement l’expression de la beauté du geste, de l’esthétique d'une œuvre qu’il est difficile de refuser. Quelle simplicité rafraîchissante !

 

Dans cette série “Joli comme un mouton”, Duong Thuy Duong voit le monde de façon empathique. Si vous connaissez déjà l’artiste, cette époque est très intéressante dans sa carrière. Duong Thuy Duong fut connue par ses œuvres abstraites, aux traits de pinceau désordonnées. Avant celà, elle est passée par une époque figurative, décrivant purement la société vietnamienne, puis par une époque des “Fenêtres”, abstraite, qui raconte une période sombre de sa vie en tant qu’étrangère et artiste à Berlin, quand elle devait nourrir ses deux petits enfants. Entre-temps, Duong avait aussi sorti une série, “Agnès”, dans laquelle elle plongeait dans un monde littéraire, influencé par l'œuvre de Milan Kundera, où elle voulait se cacher, sortir du monde.

 

Mais “Joli comme un mouton” est un jalon où elle accepte toute la superficialité de notre société. Un monde “idéal” où l’humanité et elle-même vivraient en harmonie avec l’intelligence artificielle. Sa maîtrise du geste et de la couleur est magnifique comme toujours. Cette fois-ci, elle a combiné toutes ses techniques et styles de peinture qu’elle a utilisés jusqu’à présent dans cette série, comme une synthèse de sa carrière.

 

Je veux conclure cette série par le tableau “La Vierge et le mouton” dans lequel la Vierge Marie serre un mouton (Dolly peut-être ?) dans ses bras affectueusement. Elle jouit d’un respect plus réel que jamais car elle maintient sa véritable pureté, sans aucun fantasme mythique. Ou à l’inverse, une Vierge Marie créée par l'intelligence artificielle tenant un véritable agneau. L’agneau, symbole de pureté et d'innocence, tire son origine de différents passages bibliques, et dans ce monde chaotique, peu importe, dans tous les cas, nous sommes tous innocents, tous jolis, et c’est une vérité difficile à rejeter au final.

 

Linh An